Brénod

Histoire

« BRENOD »… Difficile de trouver une explication absolue à ce nom…

Des gens, très qualifiés, ont pensé que l’appellation provenait des mots celtiques  » BREN  » ou  » BROEN  » qui indiquaient des lieux humides ; d’autres, tout aussi savants, le rattachent au passage de Brennus… Quoi qu’il en soit, le nom est joli, bien connu et sonne haut. Laissons à chacun le choix de l’origine !… On parle surtout de ce lieu à l’arrivée des moines de Meyriat.

Quelques repères :
Au Ve Siècle : c’était un village gaulois, prieuré rural dépendant de Nantua.
En 1116 : Ponce de Balmay (qui fut évêque de Belley) donnait aux futurs Chartreux ce qui devait être l’Abbaye de Meyriat. Un carré de six kilomètres de côté fut tracé, sans demander l‘avis des intéressés. Après bien des promesses et tergiversations, il fut convenu que si les moines de Meyriat disparaissaient, ceux de Nantua hériteraient du domaine tout entier.
20 ans après sa création, les occupants du domaine durent se rendre à l’évidence : l’espace était insuffisant…
En 1144, Amédée, archevêque de Lyon, les autorise à inclure la terre de Ferrières. Ces nouvelles limites permettaient aux moines d’accaparer des terres cultivées, des fours, des moulins, au détriment des Brénolans. Les moines noirs tenant une certaine importance dans la région avec la Grange de Cléon (propriété des moniales de Blyes) la terre de Lantenay et celle d’Ambronay, acceptèrent le droit de pâture. Mais à Brénod, les habitants, bien entraînés aux difficultés et luttant en permanence pour les droits d’usage dans les grands et les petits confins, ne l’entendirent pas de cette oreille.
En l’An 1309, une transaction solennelle réunissant l’Evêque de Lyon, celui de Genève, les Seigneurs de Thoire et Villars, les juges de Belley et le prieur de Nantua, confirma les droits des Brénolans. Jusqu’à la fin du XIXe Siècle cet accord fit référence et permit, après d’interminables procès, de faire de Brénod une des plus belles communes forestières du département. Plutôt que d’installer de nouvelles communautés, les moines construisirent des granges riches en terrain et aux rapports élevés (La Léchère, Pré de Joux, …).
Cependant, malgré cette présence, les gens de Brénod vivaient toujours aussi pauvrement que ceux des villages voisins.
Vers 1800, de septembre à Noël, les hommes partaient peigner le chanvre dans les plaines de l’est de la France. Surnommés les « peignards » ils utilisaient un patois bien à eux, « Le Béllod », et revenaient avec un peu d’argent dans leur famille (nombreuse à l’époque) qui en avaient besoin.

La population était assez importante : en 1862, il y eut à Brénod 38 baptêmes, 14 mariages et 34 enterrements.
En 1800, Macconod, qui avait une chapelle datant du XIIe Siècle, dédiée à St Bernard de Menthon, comptait 125 habitants. Dans l’inventaire du patrimoine, de nombreux vestiges ont été savamment répertoriés. Déjà la fontaine de la route de Corcelles a été restaurée avec beaucoup de goût.
Puis vint la révolution, la Chartreuse de Meyriat fut détruite, les forêts passèrent dans le domaine de l’Etat. Mais les Brénolands, bien entraînés à la procédure et s’appuyant sur l’accord de 1309, firent reconnaître leurs droits ; ils se partagèrent 40 % des 1800 hectares avec leurs voisins de Chevillard. Brénod paie aujourd’hui sa situation géographique : plus haut canton du département, il a subi, après le sinistre février 1944, l’exode rural et le démantèlement des services publics.

À la fois témoins et acteurs de cette révolution, ses habitants ont su conserver une certaine qualité de vie. Qu’ils se souviennent de leurs ancêtres autant attachés à leurs terres qu’à leurs sapins et qui ont si bien façonné ce merveilleux paysage du Haut Bugey !

Marius GUY

Le Bugey  et ses origines
Cette partie du Jura méridional constitua une zone frontière entre les Celtes du nord et les Ligures au sud aux environs du IIIe et du IVe siècle, avec des incursions çà et là de l’une ou de l’autre de ces populations. Il est donc probable que des peuplades Celtes, les Séquanes occupèrent cette région à cette époque et jusqu’à la conquête de la Gaule par Jules César. Les quelques tombes trouvées à Outriaz et à Izenave, qui ont été situées à l’âge du bronze, pourraient étayer cette thèse.
C’est aussi à cette époque, que par la vallée du Rhône, provenant de Marseille, l’influence grecque et étrusque s’infiltra dans la région et pourrait expliquer la toponymie de certains villages du canton.
A cette occupation celtique supposée, mais vraisemblable, succéda une occupation romaine certaine. Une grande voie romaine traversait le Haut – Bugey et reliait, en enjambant le Rhône à Seyssel, la voie Genève – Vienne, à Mâcon, croisant la voie romaine reliant Lyon à Besançon.

Le peuplement fut considérablement romanisé dans cette région. Au Moyen Âge il est régi par le droit écrit ou droit théodosien en opposition au droit coutumier du nord qui est un droit oral.
La prise de possession de la montagne par l’homme commence à se faire avec les premières abbayes, telle celle de Nantua au VI° siècle et elle se réalisera plus complètement pour ce canton au Moyen Âge avec la deuxième poussée des maisons religieuses comme la Chartreuse de Meyriat (1116).
Du XIIe au XVIIIe siècle ce sont les autorités religieuses et le Droit Canon qui régiront le pays, la royauté ignorant pour ainsi dire les zones d’altitude.
Jusqu’au XVIIe siècle le pays connut d’intenses poussées démographiques, orchestrées par la Chartreuse de Meyriat avec ses granges de convers et de colons dans les Abergements. Mais la peste « La Grande Mort » au XIVe siècle (à Corcelles, un feu sur deux disparaît, au Petit Abergement il ne subsiste que 75 personnes) et celles du XVIIe et du début du XIXe siècle, décimèrent beaucoup la population, et obligèrent parfois à organiser des transferts de population.
En 1790 la Révolution créa les deux cantons de Brénod et des Abergements (Le Grand, le Petit Abergement et Hotonnes) que la loi de l’an VIII réunira en un seul, ce qui expliquait la particularité de ce canton de couvrir deux régions géographiques distinctes : le nord du plateau d’Hauteville – Brénod et la Combe du Val d’une part, et le nord du Valromey d’autre part.
Aux XIXe et XXe siècles, les transformations sont surtout d’ordre économique avec la création de fruitières.

/source : Pré-inventaire du département de l’Ain/

Aujourd’hui, le canton de Brénod n’existe plus, il a été rattaché à celui d’Hauteville en 2015.

 

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